Manipuler le temps, est-ce possible ?
Devenir un(e) joueur(se) du temps : une fusion de science, de perception et de spiritualité
Introduction : repenser le temps
Le temps a toujours été perçu comme une constante universelle, un cadre intangible dans lequel se déroule toute existence. Pourtant, et si ce que nous appelons "le temps" n'était qu'une expérience subjective, malléable selon nos états intérieurs et nos pratiques ? Cette question, à la fois provocante et fascinante, traverse les champs de la science, de la philosophie et des traditions spirituelles.
Des neurosciences modernes aux pratiques méditatives ancestrales, des indices abondent pour suggérer que notre perception du temps est bien plus flexible que nous ne l'imaginons. Les moments de peur intense, de joie sublime, ou encore les états méditatifs profonds révèlent que le temps peut être ressenti comme dilaté ou compressé. Plus encore, certaines pratiques disciplinées semblent capables de nous entraîner à "jouer" avec le temps, à moduler notre expérience de chaque instant.
Mais qu'impliquerait une telle transformation ? Et surtout, sommes-nous prêts à affronter les vérités que le temps dilaté pourrait révéler ? Plongeons dans une exploration où se mêlent les découvertes scientifiques, les pratiques spirituelles, et les défis existentiels d’une perception du temps transformée.
Le temps : une illusion objective, une réalité subjective
Dès les premières observations scientifiques modernes, des penseurs comme Einstein ont remis en question la nature objective du temps. La relativité générale a démontré que le temps n'est pas une constante universelle, mais qu'il varie selon la gravité et la vitesse. Pourtant, au-delà de ces aspects physiques, notre perception subjective du temps dépend fortement de notre système nerveux, de nos émotions et de notre attention.
Les neurosciences révèlent que cette expérience temporelle subjective est façonnée par des structures cérébrales telles que le cortex préfrontal, le système des ganglions de la base, le cervelet, le cortex pariétal, l’hypocampe et certains neurotransmetteurs (1). Le cortex cingulaire antérieur médian (aMCC), responsable de l’attention et de la gestion émotionnelle pourrait aussi l’affecter. Ces mécanismes internes créent une "horloge psychologique" qui peut être accélérée ou ralentie en fonction de nos états mentaux et émotionnels. Ainsi, ce que nous percevons comme le flux ininterrompu du temps est en réalité une construction, influencée par des facteurs aussi divers que la peur, l’émerveillement, ou encore l’état de fatigue.
Des exemples naturels illustrent cette relativité perceptive. Les petites creatures rapides, comme les colibris et les mouches, par exemple, possèdent une fréquence d'échantillonnage neurologique bien supérieure à la nôtre, leur permettant de percevoir le monde comme ralenti. À l’inverse, les humains, dans des états d’ennui ou de distraction, vivent une temporalité floue et insatisfaisante, où les secondes semblent s’étioler sans véritable densité perceptive. Cela montre que le temps, loin d’être une constante, est une expérience propre à chaque être et à chaque instant.
Le rôle des émotions dans la perception temporelle
Les émotions, ces forces puissantes et omniprésentes, jouent un rôle clé dans la manière dont nous vivons le temps. Lorsque nous sommes profondément immergés dans une expérience émotionnelle, notre perception du temps change radicalement.
Des études sur les états émotionnels montrent que des émotions intenses comme la surprise ou la peur déclenchent une activation accrue du système nerveux autonome. Cela amplifie notre vigilance et nous accélere, nous donnant une perception ralentie du temps, comme si le cerveau tentait de capturer davantage de détails par unité de temps. C’est pourquoi on parle de « résolution » temporelle du système nerveux. Oui comme la résolution d’image qui est un indicateur du nombre de détails par pixel. Pour le temps, c’est le nombre de détails perçus par moment qui augmenterait et peut causer cette altération du temps…
Percevoir plus de détails par moment « ralentis le temps ».
Pas le temps solaire ou celui de la montre mais la perception et comme on le sait, tel qu’on perçoit le monde, tel il sera réellement, pour nous.
Ces phénomènes ne sont pas simplement psychologiques : ils traduisent une réorganisation temporaire des priorités cérébrales, où chaque stimulus est traité avec une précision et une profondeur accrues.
Dans plusieurs traditions spirituelles, ces mêmes principes sont exploités (sans que ça soit spécifié) à travers diverses pratiques. Ces pratiques réorientent notre attention pour maximiser l'expérience de chaque moment et ainsi, permettent de “jouer” avec le temps, vivant des moments où le temps devient de plus en plus près d’un éternel instant.
Parenthèse : on dit des photons (la lumière dans sa forme « particule ») qu’ils sont intemporels et seraient éternels (si jamais absorbés). J’aime parfois dire dans mes cours de méditation que rien n’est plus similaire à la lumière en nous que, la conscience. Hypothèse : en étant immergé dans la pleine conscience, ne sommes-nous pas en train d’expérimenter l’intemporalité de la lumière ?
Neurosciences et modulation temporelle : le cortex cingulaire antérieur médian
Un élément central dans la régulation de nos perceptions et comportements est le cortex cingulaire antérieur médian (anterior midcingulate cortex ou aMCC en anglais). Cette région du cerveau, bien que relativement méconnue du grand public, joue un rôle crucial dans la gestion de l'attention et des émotions. Selon le Dr Andrew Huberman, renforcer cette zone par des pratiques disciplinées comme ce qu’il aime appeler les "mini-sucks" – des résistances intentionnelles à de petites tentations – peut améliorer plusieurs aspects de nos vies dont notre capacité de focus, de discipline, de clarté, de discernement, de résistance au besoin de gratification.
Ces exercices suggèrent qu'il soit possible de modifier des zones de notre système nerveux par divers entraînements et affecter grandement notre existence. (Lire la section “En savoir plus” à la fin de cet article pour des recherches sur ces sujet).
La question se pose. Pourrait-on entraîner les parties du système nerveux responsables de la perception du temps ?
Il semble que oui. Réfléchissez à ce que ça implique.
Un tel entraînement, pourrait améliorer la résolution temporelle de notre cerveau, nous permettant de vivre chaque instant avec une précision accrue. En d'autres termes, le temps semblerait ralentir en nous accélérant. Nous pourrions ainsi augmenter la richesse de nos vies et nos capacité à en tirer le meilleur.
Les pratiques de pleine conscience et d’hormèse – comme la méditation, la rétention d’air consciente, le jeûne, et bien d’autres – sont des outils puissants pour moduler la perception temporelle. Ces techniques ne se contentent pas de renforcer le système nerveux ; elles nous conditionnent à rester présents dans l’inconfort, un prérequis essentiel pour manipuler le temps.
Les pratiques spirituelles : ralentir le temps pour l’intensifier
Les traditions spirituelles, en particulier celles issues des Tantras, du yoga, et de la méditation, ont depuis longtemps (sans que ça soit toujours spécifié comme objectif) permis de ralentir l’expérience subjective du temps.
1. Le Yoga
Dans le yoga tantrique, les exercices de pranayama (contrôle de la respiration), des rétentions et relâchements du souffle de plus en plus prolongés peuvent induire des états modifiés de conscience. Ces techniques calment ET accélèrent le mental, en focalisant l’attention sur des micro moments d'éternité, plongeant le pratiquant dans un étirement du temps.
Un parallèle intéressant se trouve dans les pratiques de sexualité sacrée, où le moment préorgasmique devient un terrain d’exploration de l’intemporel. En suspendant l’apogée de l’expérience, les partenaires vivent une intensité prolongée, où chaque instant devient plus riche, plus dense, et plus vibrant. Cette pratique, étant comme un mini-suck, contribue également fortement au développement du aMCC, en plus de contribuer à une longue liste de bénéfices qui débordent du présent exposé sur le temps.
J’ai souvent entendu des couples mentionner que le temps semblait suspendu en savourant la richesse du moment préorgasmique où toutes les potentialités existent, toutes l’énergie et le désir du monde sont présents, dans la beauté de l’union et l’harmonisation des tensions les plus sublimes.
2. La méditation et l’attention soutenue
La méditation, particulièrement les techniques de pleine conscience, est une pratique bien connue qui peut fortement transformer notre perception temporelle. En se concentrant sur la respiration ou sur les sensations corporelles, le pratiquant développe une attention soutenue qui augmente la résolution temporelle (densité de détail par moment). Des études en neurosciences ont confirmé que la méditation régulière diminue l’errance mentale, permettant ainsi de vivre chaque instant plus pleinement.
Certaines formes avancées de méditation, comme le Dzogchen dans le bouddhisme tibétain, vont encore plus loin. Elles visent à dissoudre complètement la notion de temps en amenant le pratiquant dans un état de pure instantanéité, où plus qu'un seul montent n'existe.
3. L’hormèse spirituelle
Les traditions tantriques prônent également des formes d’hormèse mentale et physique pour renforcer l’endurance face à l’intensité de l’instant présent. Ces pratiques incluent des jeûnes, des postures prolongées (comme dans le hatha yoga), ou des rituels exigeant une concentration extrême. Ces techniques entraînent le système nerveux à tolérer l’inconfort, créant ainsi une capacité accrue à ralentir et à densifier le temps perçu.
Les défis de la manipulation temporelle : le poids de l’instant
Si ralentir le temps peut sembler séduisant, cela ne va pas sans défis. Chaque instant, lorsqu’il est vécu pleinement, petit révéler une densité émotionnelle et existentielle souvent évitée dans le flot rapide du quotidien. Cela peut confronter l’individu à des vérités inconfortables sur son existence, ses choix, et ses priorités.
Ce paradoxe est particulièrement évident dans des environnements silencieux ou immobiles, comme les retraites méditatives. Beaucoup trouvent insoutenable le poids de ce silence, où chaque minute semble s’étirer indéfiniment. Pourtant, c’est précisément dans cette confrontation avec le temps dilaté que se trouvent les plus grandes opportunités de transformation.
Contrairement à l’idée que tant se font que la méditation est toujours agréable et bien pour tout le monde, la réelle méditation peut être déstabilisante pour qui n’est pas préparé à faire face à ce qui peut surgir de la densité temporelle d’un moment de temps arrêté.
« La vie passe de plus en plus vite quand on vieilli »
Un autre paradoxe du temps réside dans son apparente accélération à mesure que nous vieillissons. Ce phénomène, souvent rapporté, est moins une fatalité biologique qu’une conséquence de nos habitudes mentales et sociétales. Avec l’âge, beaucoup tombent dans des cycles d’automatisation et d’habitudes confortables, où la nouveauté semble disparaître. Cette disparition n’est pourtant qu’une illusion, amplifiée par une société obsédée par l’instantané et la gratification rapide, qui déforme notre rapport au temps.
L’addiction à la dopamine joue un rôle crucial. La quête perpétuelle de nouvelles stimulations superficielles – notifications, distractions, achats – déplace notre attention vers des récompenses éphémères, laissant peu d’énergie pour des expériences profondément nouvelles ou significatives. Cet état de surconsommation sensorielle et émotionnelle réduit notre capacité à remarquer les subtilités, nous donnant l’impression que "rien de neuf" n’existe, alors qu’en réalité, chaque instant recèle un potentiel d’émerveillement.
Cette accoutumance au confort exacerbe la tendance à éviter les tensions nécessaires pour rester "éveillé". La tension positive – qu’elle soit physique, cognitive ou émotionnelle – est ce qui maintient notre attention vive. En la fuyant, nous favorisons l’endormissement intérieur, alimentant une perception temporelle où la vie semble nous filer entre les doigts.
Par ailleurs, l’accumulation d’émotions et de pensées non résolues contribue à cette dynamique. Les schémas mentaux répétitifs consomment une partie de notre attention, nous enfermant dans des habitudes cognitives qui compressent la perception du temps. Nous ne vivons plus l’instant présent avec fraîcheur, mais à travers le filtre d’un esprit encombré par le passé ou projeté dans l’anticipation du futur.
Pourtant, cette accélération perçue n’est pas une fatalité. Les divers exercices et perspectives du présent article suggèrent comment ne pas tomber victime de cet effet temporel durant notre existence.
Être un joueur du temps
Adopter l’attitude d’un "joueur du temps", c’est devenir un artiste de l’instant. Comme un surfeur qui chevauche une vague, le joueur du temps ne résiste pas à son flux, mais apprend à s’y adapter avec grâce et intelligence, et même à ajuster la perception du flot du temps au besoin. Cette analogie rappelle le concept tantrique de lila (le jeu cosmique), où la vie elle-même est perçue comme une danse entre Shakti (le désir, le mouvement) et Shiva (la conscience, l’immobilité).
Le joueur du temps sait que chaque instant contient une infinité de potentialités. Il choisit avec soin où focaliser son attention, amplifiant ainsi les moments qui comptent vraiment. Cette perspective transcende la simple gestion du temps : elle devient une philosophie de vie, une manière de vivre avec intensité et profondeur, attelant le temps, comme on ajuste le vent dans les voiles d’un voilier.
Les applications pratiques : révisons comment jouer avec le temps
Pour ceux qui souhaitent expérimenter avec leur perception du temps, voici quelques pratiques concrètes à intégrer dans leur quotidien :
1. Micro-résistances quotidiennes
Adoptez les "mini-sucks" décrits par Huberman, comme résister à l’envie de regarder son téléphone ou de céder à une tentation. Ces exercices renforcent le cortex cingulaire antérieur médian et améliorent votre capacité à différer la gratification, un ingrédient clé pour manipuler la perception temporelle.
2. Immersion dans l’émerveillement
Chaque jour, prenez un moment pour contempler quelque chose de beau ou d’inspirant, que ce soit un paysage, une œuvre d’art, ou même un simple objet du quotidien. L’émerveillement dilate le temps en amplifiant votre attention.
3. Pratiques de pleine conscience
Consacrez du “temps” chaque jour à une méditation, complexe ou simple, comme observer votre respiration. Tentez d’immobiliser tout entre deux respirations et de savourer cette infime tranche de temps qu’est l’infini entre deux moments. Voyez déjà alors le temps s'allonger en y ajoutant la lumière intemporelle de la conscience.
4. Exposition Hormétique
Pratiquez régulièrement des exercices qui sortent de votre zone de confort, comme divers jeûnes ou autres restrictions saines. Ces expériences renforcent votre résilience émotionnelle et physique, vous préparant à vivre avec plus d'intensité, contrairement au confort qui endort et fait passer la vie plus vite.
5. Sexualité sacrée
Apprenez à sortir du temps durant l’intimité et à chevaucher Shakti, Shiva, les amplifier et les unir dans un moment d’intemporalité hors de tout attachement à la FHPI (finalité habituelle du plaisir intime).
Conclusion : une invitation à repenser le temps
Le temps, souvent perçu comme une contrainte implacable, devient dans cette perspective un matériau malléable, une expérience que nous pouvons sculpter à travers notre attention, nos émotions, et nos pratiques. Manipuler le temps consiste à réinventer notre relation avec lui.
Les bénéfices de ralentir le temps et d’accélérer notre résolution temporelle sont innombrables et remarquables.
Grâce aux neurosciences modernes et aux traditions spirituelles anciennes, nous découvrons que ralentir le temps, ou plutôt en densifier l’expérience, n’est pas un privilège réservé aux sages ou aux initiés. C’est une compétence accessible, un art de vivre qui invite à la pleine présence. Chaque micro-résistance, chaque souffle conscient, chaque instant d’émerveillement devient une opportunité de jouer avec le temps, non pour le fuir, mais pour l’habiter pleinement.
Être un "joueur du temps", c’est devenir un artiste de l’existence. C’est transformer chaque seconde en une œuvre d’art, où la densité perceptive se mêle à la légèreté du flux naturel. Mais cette voie exige du courage : le courage de ralentir, d’affronter l’intensité de l’instant, et de voir la vie dans toute sa profondeur.
Alors, êtes-vous prêt à accepter cette invitation ? À explorer la manière dont le temps peut devenir votre allié, votre terrain de jeu, et peut-être même le miroir dans lequel se reflète votre essence la plus profonde ? Si oui, souvenez-vous : le temps n’est pas l’ennemi. Il est une danse, une tension, un espace infini d’opportunités. Et dans ce jeu, c’est vous qui tenez la baguette du chef d'orchestre et décidez de la cadence.
Prenez votre place sur la scène. Jouez avec le temps. Il vous attend.
Quelle pratique commencerez-vous aujourd'hui pour transformer votre relation au temps ?
Stéphane Richer
Centre Summum
(1) Teixeira S, Machado S, Paes F, Velasques B, Silva JG, Sanfim AL, et al. Time perception distortion in neuropsychiatric and neurological disorders. CNS Neurol Disord Drug Targets. 2013;12(4):567–82. Available from: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4830363/
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1. Les cours. Pour savoir comment allonger le temps durant les moments d’intimité de couple et tirer une longue liste de bénéfices, prenez les cours Tantra 1 et Tantra 2. Pour saisir davantage ce qu’est la méditation, prenez le cours Méditation 1. Les cours sont ici : academia.centresummum.com. Un cours exclusif sur la méditation (nommé “L'essence de la méditation selon les traditions dharmiques”) est accessible aux abonnés de niveau 3 sur mon site patreon.
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Fondateur, Centre Summum
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En savoir plus
1. L’effet des émotions intenses sur la perception du temps
Une étude de 2010 menée par Droit-Volet et Gil fournit des preuves solides que les émotions, en particulier la peur, ralentissent la perception subjective du temps. Ils ont découvert que des stimuli effrayants, comme des visages exprimant la peur, allongent la durée perçue des événements, probablement parce que ces émotions augmentent la vigilance et la résolution temporelle.
Référence : Droit-Volet, S., & Gil, S. (2010). The time-emotion paradox. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 365(1545), 273-278.
2. L’impact de la méditation sur l’activité cérébrale
Des études de neurosciences ont montré que les méditants expérimentés présentent une diminution significative de l’activité du réseau par défaut (Default Mode Network, DMN) pendant la méditation. Ce réseau est lié à la rumination mentale et à l’errance de l’esprit. En apaisant le DMN, la méditation aide les pratiquants à vivre pleinement l’instant présent, augmentant la densité perceptive.
Référence : Brewer, J. A., Worhunsky, P. D., Gray, J. R., Tang, Y.-Y., Weber, J., & Kober, H. (2011). Meditation experience is associated with differences in default mode network activity and connectivity. Proceedings of the National Academy of Sciences, 108(50), 20254-20259.
3. Le rôle des pratiques corporelles dans la perception temporelle
Une recherche menée par Wittmann et Schmidt en 2014 a exploré comment les pratiques de pleine conscience (yoga, respiration consciente) peuvent modifier la perception temporelle. Ils ont démontré que ces pratiques augmentent l’activité des zones cérébrales liées à la conscience corporelle, comme l’insula et le cortex somatosensoriel, ralentissant ainsi la perception du temps.
Référence : Wittmann, M., & Schmidt, S. (2014). Mindfulness meditation and the experience of time: Alterations in the sense of time can be linked to attentional and interoceptive processes. Frontiers in Psychology, 5, 790.
4. La proportionnalité et le temps perçu
Une analyse réalisée par Haimovici et al. en 2020 a confirmé que la proportionnalité du temps vécu joue un rôle important dans l’accélération perçue avec l’âge. Cette étude a mis en évidence que notre cerveau encode le temps vécu selon des schémas logarithmiques, ce qui explique pourquoi les années semblent passer plus vite à mesure que nous vieillissons.
Référence : Haimovici, A., Balasubramaniam, R., & Gobet, F. (2020). Logarithmic encoding of life duration explains the subjective perception of time passing with age. Scientific Reports, 10(1), 18014.
5. L'addiction à la dopamine et la quête de nouveauté
Une recherche de Volkow et al. en 2009 explore comment l’exposition constante à des stimuli dopaminergiques (comme les réseaux sociaux ou les notifications numériques) peut modifier la manière dont nous percevons la nouveauté et le temps. Ils concluent que ces stimuli surchargent le système de récompense du cerveau, rendant les expériences ordinaires moins excitantes et accélérant la sensation de monotonie.
Référence : Volkow, N. D., Wang, G.-J., Fowler, J. S., & Telang, F. (2009). Overlapping neuronal circuits in addiction and obesity: Evidence of systems pathology. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 363(1507), 3191-3200.
6. Les perceptions temporelles chez les méditants et yogis
Des études de neuroimagerie ont révélé que les méditants de longue date (avec plus de 10 000 heures de pratique) montrent des activations accrues du cortex préfrontal et de l’insula pendant la méditation. Ces zones sont associées à une conscience accrue du moment présent et à la capacité de percevoir les détails temporels avec une grande finesse.
Référence : Tang, Y.-Y., Hölzel, B. K., & Posner, M. I. (2015). The neuroscience of mindfulness meditation. Nature Reviews Neuroscience, 16(4), 213-225.
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